Briser le tabou de l'inceste

3 ans de cauchemar

C'est un témoignage courageux. Celui d’une jeune femme abusée sexuellement par son oncle, lorsqu’elle était âgée de 5 ans.

Un cauchemar qui se reproduira pendant trois ans, à chaque réunion de famille. 

« J’ai inconsciemment bien rangé cette histoire dans une case de mon cerveau », nous explique-t-elle dans ce 1er épisode. ➡️

C'est quoi l'inceste❓

L'inceste, c'est le fait d'avoir des relations sexuelles avec un membre de sa famille, alors que c'est interdit.

L'inceste fait partie des circonstances aggravantes, nous explique le fil santé jeunes. On parle de viols ou d'agressions sexuelles aggravés quand ils sont commis par un parent, grand-parent, oncle, tante, frère et soeurs s'ils ont autorité de droit ou de fait.

Parler pour se libérer

⬅️ Dans le 2e épisode, notre témoin raconte le traumatisme et les conséquences des violences sexuelles commises par son oncle.

➡️ Dans le 3e épisode, nous parlons de l'importance de libérer la parole et de sortir du déni qui entoure ce crime à l'intérieur de la sphère familiale, comme dans la société. « On se sent soulagé d’un poids.(…) Et tu aides d’autres personnes à se soulager du poids qu’elles portent aussi », raconte le témoin.

Accompagner les victimes

➡️ Dans ce 4e épisode, nous évoquons la question de l'accompagnement de la victime d'inceste, mais aussi le suivi des agresseurs. Christine Tyuienon Qaeze, psychologue pour enfants et adolescents au CHS, travaille aussi sur le retour de l'agresseur, au sein de la famille, une fois sa peine purgée. "Ce n'est pas arranger la situation en termes de place de l'agresseur et de la victime, de sortir l'agresseur et de le laisser sans suivi", explique-t-elle.

Suis-je victime d'inceste❓

Être victime d'inceste, c'est une forme de maltraitance. Parfois, on peut avoir l'impression que ces gestes ont été faits avec douceur, avec "gentillesse", sans force...

"C'est justement toute l'ambiguïté de cette agression, nous explique le fil santé jeunes. Avoir des relations sexuelles, subir des attouchements, recevoir des caresses mal placées de la part d'une personne de sa famille et/ou qui est d'une autre génération, c'est de l'inceste.

Même si on n'a jamais osé dire non, même si on aime cette personne, c'est interdit ! "

Comment alerter contre les violences sexuelles ?

S.O.S. Violences sexuelles :

? 05.11.11 (numéro gratuit)

S.O.S. Ecoute :

? 05.30.30 (numéro gratuit)

1 jeune sur 7 a déjà été "physiquement forcé à avoir des rapports sexuels"

Fin 2020, l'association S.O.S. Violences sexuelles de Nouvelle-Calédonie a pris connaissance de plus de 50 agressions sexuelles, dont les 3/4 sur mineurs.

Dans son dernier Baromètre Santé, l'Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie déclarait qu'un jeune sur sept avait déjà été "physiquement forcé à avoir des rapports sexuels". 21% de filles, contre 9% de garçons, mais surtout 14% des jeunes interrogés, âgés de 10 à 18 ans.

Des chiffres relayés par nos collègues du magazine féminin Belle, qui consacrait un dossier complet à l'inceste dans son numéro de mars 2021.

Comment discuter avec nos enfants de sexualité et surtout prévenir les violences sexuelles❓

Le Comité de Promotion de la Santé Sexuelle (CP2S) met à disposition des parents une brochure pour les aider à parler de sexualité avec leurs enfants, sur le site sexo.nc. "La gêne de répondre peut parfois mener à une absence de discours autour de la sexualité, de l'intimité. Cependant, il est essentiel pour un enfant dès le plus jeune âge d'avoir des informations pour qu'il n'associe pas la sexualité à quelque chose de tabou, à des peurs, à des comportements inappropriés (...), explique l'association.

Il est démontré que les enfants mieux informés auront une première expérience sexuelle plus tardive mais aussi moins de partenaires et éviteront plus les conduites à risque. Ne pas répondre à un enfant ne lui empêche pas de se poser la question mais fait prendre le risque qu'il cherche l'information auprès de mauvaises sources."

Vous pouvez consulter cette brochure ici.

La série de podcasts "Et si on se parlait" permet aussi de favoriser le dialogue entre les enfants et les adultes. Il s'adresse aux 3-12 ans.

Une commission indépendante sur l'inceste

⬅️ Dans le 5e épisode, nous donnons la parole à Nathalie Mathieu, la co-présidente de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, créée en France en début d'année.

➡️ Laura Chatain, avocate au barreau de Nouméa, revient sur le volet judiciaire. "La prescription commence à partir de la majorité de l'enfant, et elle est de 30 ans pour les viols, et de 20 ans pour les agressions sexuelles, donc jusqu'à 48 ans, jusqu'à 38 ans, on peut porter plainte pour des faits dont on a été victime quand on était mineur", explique-t-elle.

Contacts utiles

La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants a mis en place une plateforme téléphonique gratuite et anonyme pour recueillir la parole des victimes de violences sexuelles dans l'enfance : 

? (00 33) 800 100 811 - Numéro gratuit

Du lundi au vendredi de 10h à 19h (pour l'Outre-mer)

?(00 33) 805 802 804 - Numéro gratuit

Du lundi au vendredi de 10h à 19h (en métropole)

? Ou par mail : 

temoignages@ciivise.fr

?Appel à témoignages

Afin de pouvoir caractériser l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants (inceste et violences extra-familiales), d’essayer de mieux comprendre comment la parole peut se libérer et ainsi de faire évoluer des politiques publiques pour une protection plus efficace des enfants, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a mis en ligne un questionnaire anonyme (destiné aux personnes majeures uniquement).