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Dénoncer les violences gynécologiques

Dénoncer les violences gynécologiques

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violence
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Nouvelle - Calédonie
Jeudi 4 novembre 2021 - 14:26

Les violences obstétricales et gynécologiques sont constituées de gestes, de paroles et d’actes médicaux qui ne sont pas justifiés, ni nécessaires médicalement, et qui s’opposent aux recommandations scientifiques.

Un fléau de plus en plus souvent dénoncé un peu partout dans le monde. En Nouvelle-Calédonie, la parole des femmes commence tout juste à se faire entendre. 

Contenu structuré

Un sujet encore tabou au Pays

Si la parole se libère de plus en plus en France, elle reste taboue en Nouvelle-Calédonie. Notre journaliste Audrey Poedi a été à la rencontre de Marjolaine, Amandine et Camille.

Ces 3 jeunes femmes ont accepté de partager avec nous les expériences traumatisantes qu’elles ont vécues ➡️

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Le tabou des violences gynécologiques

04/11/2021

Copyright © CALEDONIA 2021

Vous souhaitez témoigner ?

? Si vous souhaitez raconter votre expérience sur ce sujet des violences gynécologiques, vous pouvez nous écrire à l'adresse web@caledonia.nc.

 

Votre témoignage sera publié dans ce dossier. Il peut être anonyme.

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"Je me suis sentie salie et humiliée"

"Lors d'une consultation, le gynécologue m'a fait une palpation mammaire afin de contrôler qu'il n'y avait rien d'anormal. C'était la première fois que je voyais ce médecin et quand il m'a palpé les seins, je me suis sentie mal à l'aise. Je ne comprenais pas, mais en fait il touchait mes tétons et caressait mes seins. C'était horrible. J'étais pétrifiée, je voulais m'enfuir.

En plus, il m'a dit que j'avais de beaux seins. Quel est le rapport avec cet acte médical ? Aucun autre gynécologue ne m'avait touchée comme ça ! Quand je suis sortie, je me suis mise à pleurer dans ma voiture, je me suis sentie salie et humiliée."

Claire
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"On ne nous écoute pas"

"Je souffre d'endométriose avec des atteintes profondes. Cette maladie m’a été diagnostiquée suite à un IRM. J’ai dû réclamer cet examen car aucun médecin ne voulait prendre en compte mes douleurs. Vous avez beau mettre des mots sur des maux, on ne nous écoute pas.

Aujourd'hui, je suis atteinte de lésions profondes. A cause de cela, j’ai beaucoup de difficultés à tomber enceinte. C’est difficile et la seule réponse qu’on me fait c’est « ça viendra », sans même m’aiguiller vers un professionnel. Je n'accepte plus que l'on ne m'écoute pas."

Belinda
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Quels sont les recours pour les patientes ?

 

Si vous pensez avoir été victime de gestes déplacés ou non justifiés de la part de votre gynécologue, vous pouvez en parler à un autre médecin afin d'évaluer avec lui si ces gestes peuvent se justifier ou non.

 

Vous pouvez aussi vous adresser au Conseil de l'ordre des médecins de Nouvelle-Calédonie :

? 28 29 26

? nouvelle-caledonie@nc.medecin.fr

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"Un gynécologue indifférent à nos inquiétudes"

« Je sors d'une grossesse avec diabète gestationnel. À la fin de ma grossesse nous avions eu à faire ce qu'on appelle des "explo" afin de suivre plus précisément l'évolution de ma grossesse.

J'ai eu malheureusement affaire à un gynécologue complètement indifférent à nos inquiétudes et à nos questions en tant que jeunes parents ! L'entretien ne durait pas plus de 10 minutes !

Lors de mon accouchement, beaucoup d'informations ont vu le jour alors que personne ne nous en avait informé. »

Selapaï
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"Un doigt dans le vagin sans prévenir"

« De mon côté, j’aimerais partager ce qui m’est arrivé chez un urologue. Lors d’un rendez-vous de contrôle, suite à une opération de la vessie, il m’a tout simplement enfoncé un doigt dans le vagin sans prévenir. J’étais tétanisée.

C’est seulement une fois son doigt ressorti qu’il m’a expliqué la raison de son geste : contrôler la souplesse de la paroi externe de la vessie par ce biais.

S’il vous plaît, mais s’il vous plaît, chers médecins, prévenez-nous avant de tout ce que vous entreprenez sur notre corps ! Ça m’aiderait à vous faire confiance à l’avenir ! »

Pauline
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"Je sens que je vais vomir, le gynécologue me répond : "n'exagérez rien !" "

" Il y a un peu plus d’un an, j’accouchais de mon premier enfant à 22 ans. Jeunes parents, avec mon conjoint, nous n’y connaissions rien. Mon suivi de grossesse avec mon gynécologue a été extraordinaire. Malheureusement, le jour de l’accouchement ce n’était pas lui qui était de garde. 

 

Après plus 24 heures de travail, je sens que mon bébé arrive. La sage-femme, l’aide-soignante et le gynécologue de garde me rejoignent en salle d’accouchement. Lors de mes premières poussées, j’écoute mon corps et je sens que je vais vomir (je n’ai pas mangé depuis le début du travail). J’en fais part à l’équipe médicale qui est face à moi. Le gynécologue me répond : « N’exagérez rien ! Ce n’est qu’une impression, vous n’allez pas vomir. Allez-y poussez ! ». C’était plus fort que moi, je lui ai crié dessus : « Je sais ce que je ressens, je vous dis que je vais vomir ! ». La sage-femme et l’aide-soignante ont été adorables, ce sont les seules qui m’ont réellement écoutée et m’ont apportée un récipient pour que je puisse vomir. 

 

Après seulement trois poussées, le gynécologue trouvait que ça n’allait pas assez vite (il y a eu près de six accouchements ce soir-là, d’autres femmes attendaient). Il a décidé, sans nous en parler avant, d’utiliser les « cuillères » (instrument d’aide à l’accouchement). Il m’a déchiré l'intérieur du vagin jusqu’au rectum. A cause de cette erreur médicale, j’ai passé deux heures sur la table d’opération après l’accouchement, à me faire « reconstruire » le vagin par un chirurgien viscéral. Je ne pourrai plus jamais avoir d’enfant par voie basse. J’ai eu le sentiment qu’il n’en avait rien à faire. Plus vite c’est fait, mieux c’est, et peu importe les conséquences derrière pour les patientes."

Aurore 
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"Je perdais beaucoup de sang. Elle n'est pas venue tout de suite car elle pensait que j'exagérais "

 

" J'ai 33 ans et j'ai au trois gynécologues.

La première m'a fait mes premiers frottis. J'avais peur car c'était la première fois. J'ai enlevé le bas et me suis allongée, les jambes écartées. Sans m'avertir, elle m'a introduit l'instrument sans lubrifiant, en me disant "d'arrêter d'être coincée" et "que je devrais avoir l'habitude". J'étais choquée. Ma deuxième consultation avec elle était similaire, j'ai décidé de changer de gynécologue.

 

Avec ma seconde gynécologue, j'ai dû faire une colposcopie. Elle m'avait annoncé froidement et en rigolant que j'avais des lésions pré-cancéreuses et que je devais la voir pour une colposcopie. Elle m'avait dit que ce n'était pas douloureux. Malheureusement, j'ai eu très mal lors des prélèvements. Une fois terminé, elle est partie à son bureau et m'a laissée me rhabiller et me mettre une protection, car je risquais d'avoir de légers saignements.

 

Malheureusement, quand je me suis levée, je perdais beaucoup de sang. Cela coulait de mes cuisses et je l'ai appelée. Elle n'est pas venue de suite car elle pensait que j'exagérais. Lorsque je me suis rapprochée d'elle et qu'elle m'a vue, elle m'a tout de suite dit de me rallonger. Au lieu d'utiliser délicatement son instrument, elle me l'a enfoncé, a écarté, et a appuyé sur mon col de l'utérus avec une compresse pour stopper l'hémorragie pendant 10 minutes, en appuyant très très fort. Je me suis sentie mal, je me suis sentie sale. Elle ne m'a rien donné pour me nettoyer les cuisses. J'avais du sang partout. C'est un peu dur de raconter cette expérience. Ça s'est produit il y a un an, et j'ai encore du mal à ne pas y penser.

 

Ma troisième gynécologue est parfaite. "

Déborah
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Une charte pour les bonnes pratiques

Le collège national des gynécologues a publié pour la première fois une "Charte de la consultation en gynécologie ou en obstétrique" pour rappeler "les bonnes pratiques" attendues lors d'une consultation.

 

- Dans cette charte, la profession rappelle notamment que l'accord oral de la patiente doit être recueilli avant tout examen clinique.

- L'examen pelvien n'est pas systématique et les femmes peuvent le refuser.

- S'il y a lieu, l'examen peut être interrompu à tout moment.

- Le toucher rectal est autorisé mais dans des cas médicaux très précis, c'est le cas pour certaines formes d'endométriose par exemple.

- La patiente peut être accompagnée par la personne de son choix lors d'une consultation et d'un examen médical chez le gynécologue.

- En revanche, la patiente peut s'opposer à la présence d'une autre personne dans la pièce, y compris un autre soignant ou étudiant en médecine.

 

Dans cet article, France Inter développe le contenu de cette charte des bonnes pratiques.

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"J'ai vécu la plus grosse douleur de ma vie, bien pire que mes deux accouchements"

 

" Des « maladresses » ou des incompréhensions chez le gynécologue, j’en avais déjà eues plusieurs fois. Comme le fait de m’inciter à prendre un stérilet à hormones, alors que je voulais en finir avec ces substances que je prenais depuis l’adolescence. Le médecin en position de sachant, et moi la patiente, le réceptacle et non la co-actrice de ma propre santé.

Son motif : « les hormones vous feront grossir un peu ». Traduction : ça ne vous fera pas de mal. Mais qu’est-ce qu’il a mon corps qui ne lui revient pas ? Il lui faudrait donc des hormones, et par conséquent quelques kilos en plus, pour correspondre aux critères en vigueur ?

Je ne voulais plus de ce stérilet hormonal. Mais j’étais dans une incapacité à lui dire franchement de me le retirer.

 

Ironie du sort, peu de temps après, il a fini par se déplacer tout seul et j’ai commencé à saigner. Le gynécologue, lui, a bien été obligé de l’extraire.

Je me sentais soulagée. Comme si mon corps s’était exprimé pour moi. Et puis, quelques semaines après, je n’avais pas encore eu le temps de reposer un stérilet sans hormone, que je suis tombée enceinte. J’ignore pourquoi mais j’avais honte d’en parler au gynécologue. Peur d’être infantilisée sans doute. Il n’a jamais su que je m’étais fait avorter. Je ne suis jamais retournée le voir ensuite.

 

Quand je me suis fait poser un nouveau stérilet, sans hormone celui-là, j’ai donc été à l’hôpital, à Magenta, là où je m’étais fait avorter quelques temps plus tôt. Et là, j’ai vécu je pense la plus grosse douleur de ma vie. Bien pire que mes deux accouchements.

C’est comme si cet objet me transperçait le ventre, que chaque millimètre de gagné était une punition. J’ai demandé au médecin d’arrêter, je lui ai dit que la douleur était trop intense. Il m’a dit que c’était normal. Et il a continué. Jusqu’à ce qu’il soit posé.

Sans s’en rendre compte, il avait abîmé quelque chose de plus profond, la confiance entre le patient et le médecin. Je ne suis plus retournée voir de gynécologue pendant des années. Au point de me mettre en danger.

 

Quand une amie est morte d’un cancer de l’utérus à 42 ans, j’ai décidé d’aller faire un frottis chez ma généraliste. Les résultats n’étant pas bons, j’ai dû consulter une spécialiste. Cette fois, je suis tombée sur une gynécologue très douce et à l’écoute. Elle a pris mon problème médical en main et la relation de confiance est revenue.

Au moment du renouvellement de mon stérilet, en revanche, l’angoisse de souffrir est revenue. Ma généraliste n’a pas réussi à le poser. Et elle n’a pas insisté connaissant mon passif.

 

Je me suis donc tournée, sur les conseils d’une amie, vers une sage-femme et après quelques exercices pour me détendre, elle a réussi à le poser, sans la moindre douleur.

« Non, poser un stérilet ne doit pas faire mal », a-t-elle insisté. J’étais abasourdie. Depuis petite, auprès des femmes de ma famille, j’avais toujours entendu ça. Cette fameuse injonction à la souffrance, quand on est une femme. Stérilet compris.

La leçon que j’ai tirée de tout cela, c’est : écoutez-vous, faites-vous confiance, appropriez-vous votre corps, vous êtes son meilleur allié, et choisissez un praticien à qui vous pourrez parler en toute confiance. "

Mélanie
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