La Calédonie et Matignon, une histoire qui dure
La Nouvelle-Calédonie : l'affaire du Premier ministre
La visite du Premier ministre Edouard Philippe au lendemain du scrutin d’autodétermination du 4 novembre illustre un fait politique quasi constant depuis plus de 30 ans : à Paris, le dossier calédonien est traité prioritairement par Matignon. De son côté, le ministère de l’outre-mer se voit confier le plus souvent les dossiers techniques moins sensibles.
Édouard Philippe
Depuis qu’il est en poste, le premier ministre Édouard Philippe s’est beaucoup impliqué dans le dossier calédonien : il était déjà venu au pays en décembre 2017 et a pris, entre autres, l’initiative de créer un Comité des sages, un groupe de personnalités «reconnues, respectées et représentant la diversité calédonienne» chargées de garantir l’intégrité de la campagne pour le référendum.
Édouard Philippe était l'invité de notre édition spéciale du 4 décembre 2017:
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ITW Elie Poigoune - Comité des Sages
23/10/2018Suite aux récents événements, le Comité des sages a décidé d'élever sa voix à quelques jours du référendum. Il souhaite apaiser les ten...
Manuel Valls
Quant au Premier ministre Manuel Valls, il était au Pays en avril 2016 dans la perspective de la préparation du référendum. Mais c’est sa visite, deux ans plus tard, en tant que chef d’une mission parlementaire qui fera le plus parler. Il reçoit de fort reproches de la part des Indépendantistes après ses déclarations sur l'avenir institutionnel de l'archipel, disant sa préférence pour le maintien de la Calédonie dans la France.
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BDLB - Avec Manuel Valls, le président de la Mission parlementaire sur l'Avenir institutionnel
21/02/2018La visite en province Nord en 2016
Lors de sa visite officielle en tant que Premier ministre, Manuel Valls s'était rendu à Hienghène pour rendre hommage à Jean-Marie Tjibaou. Il s'était exprimé sur notre antenne à propos de la jeunesse calédonienne ainsi que sur la crise du nickel.
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L'hommage de Valls à Tjibaou
01/05/2016A l'occasion de son déplacement en Nouvelle Calédonie, le premeir ministre Manuel Valls est venu déposer une gerbe sur la tombe de Jean...
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Manuel Valls et la jeunesse de la Nouvelle Calédonie "il faut se souvenir du passé"
30/04/2016Interview de Manuel Valls lors de son déplacement à l'hôtel de la Province Nord à Koné. Copyright © NCTV 2016
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Crise du nickel " Bercy est attentif aux attentes de la Province Nord"
30/04/2016Interview de Manuel Valls lors de son déplacement à l'hôtel de la Province Nord. Copyright © NCTV 2016
Lionel Jospin
En juillet 1997, un mois après son entrée en fonction à Matignon, Lionel Jospin manifeste un vif intérêt pour le dossier calédonien. Il charge alors Philippe Essig d’apporter une réponse au préalable minier posé par les Indépendantistes. Il s'agissait de sécuriser la ressource en minerai de la future usine du Nord.
L’année suivante, en mai 2018, c’est encore lui qui décide de mettre ses pas dans ceux de Michel Rocard ; il se rend en Nouvelle-Calédonie pour y signer l’Accord de Nouméa… en présence de Rocard, son invité spécial.
Michel Rocard
En 1988, lors de l'accession de la gauche au pouvoir, la première question que pose Michel Rocard au président Mitterrand est la suivante : « Monsieur le Président, en Nouvelle-Calédonie il y a le feu, nous n’avons pas de temps, ma question est de savoir si c’est un dossier traité directement par vous-même ou si vous considérez que c’est un dossier gouvernemental ? » « C’est un dossier gouvernemental, chargez-vous en ! » répond Mitterrand en guise de feuille de route.
Un mois plus tard, c'est bien Michel Rocard qui signera pour l’Etat les accords de Matignon, deux mois avant que son ministre des DOM-TOM Louis Le Pensec, n’appose sa propre signature sur les accords Oudinot.
« Monsieur le Président, en Nouvelle-Calédonie il y a le feu, nous n’avons pas de temps, ma question est de savoir si c’est un dossier traité directement par vous-même ou si vous considérez que c’est un dossier gouvernemental ? » « C’est un dossier gouvernemental, chargez-vous en ! »
Échange entre Michel Rocard et François Mitterand en 1988 cf. Les Médiateurs du Pacifique de Charles Belmont, 1996.
En 2016, année de sa disparition, Michel Rocard, nous avait accordé une interview exclusive. Un reportage d'Olivier-Jourdan Roulot, Benoît Durand (EFJ) et Thomas Guerard (EFJ). En voici quelques extraits:
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"La Nouvelle-Calédonie a déjà son autonomie absolument complète"
03/02/2016Près de 30 ans après les accords de Matignon, Michel Rocard, alors Premier Ministre, nous a accordé une ITW exclusive, bientôt diffusée...
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[NCTV] "La France est pays véhément, bavard et violent" M.Rocard
03/02/2016Près de 30 ans après les accords de Matignon, Michel Rocard, alors Premier Ministre, nous a accordé une ITW exclusive, bientôt diffusée...
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"L'avenir de la Nouvelle Calédonie passe essentiellement par l'international" M.Rocard
03/02/2016Près de 30 ans après les accords de Matignon, Michel Rocard, alors Premier Ministre, nous a accordé une ITW exclusive, bientôt diffusée...
Pendant les évènements
Dès le début des événements, en 1985, Laurent Fabius s’intéresse à la Calédonie, reprenant même le dossier à Edgard Pisani, pourtant nommé ministre de la Nouvelle-Calédonie au mois de mai de la même année. Son implication sera de courte durée puisque un an plus tard, la droite revient au pouvoir et c’est Bernard Pons qui reprend la main.
Entre mars 1986 et mai 1988, le premier ministre Jacques Chirac viendra deux fois en Nouvelle-Calédonie. Une première fois en août 1986, pour annoncer un plan de relance, et une autre fois en septembre 1987, par Concorde, quelques jours après le premier scrutin d’autodétermination boycotté par le FLNKS. À cette occasion, il reçoit secrètement Jean-Marie Tjibaou, Yéweiné Yéweiné et Léopold Jorédié, alors président de la Région Nord.
«Nous lui avons dit qu'il fallait trouver une solution pour éviter d'autres affrontements. Pisani avait proposé l'indépendance-association, il existait une porte de sortie. Il a répondu qu'il comprenait notre position mais que la droite locale n'était pas d'accord»
Léopold Jorédié au journal Libération. Il reconnaît à ce moment que le Premier ministre avait pris la peine de les écouter.
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